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Collaboration en construction : définition et facteurs de succès

Cet article a été rédigé en collaboration avec Marie-Andrée Roy, Conseillère stratégique | Design Thinking | Facilitatrice | Développement durable | Gestion de projets

Désirez-vous livrer le meilleur projet de construction, celui qui répond aux besoins du client, mais aussi des futurs utilisateurs?

Tous les professionnels vous le diront, il faut être prêt à collaborer!

Mais qu’est-ce que la collaboration? Avant d’aller plus loin, vaut mieux s’entendre sur le concept!

Qu’est-ce que la collaboration?

Le dictionnaire Larousse définit la collaboration comme l’action de collaborer, de participer à une œuvre avec d’autres.

L’action de collaborer veut donc dire : travailler ensemble pour produire un résultat.

Dans un contexte organisationnel, la collaboration exprime plus particulièrement de travailler ensemble à travers un processus pour atteindre un objectif commun. De la collaboration émerge un partenariat qui aura des retombées positives pour les différentes parties impliquées.

Pour Marie-Andrée Roy, conseillère stratégique et facilitatrice, « la collaboration, c’est une équation humaine avant tout où les forces de tous et toutes sont mises à contribution! C’est travailler ensemble à concrétiser les idées afin de réaliser un projet, un produit ou une expérience tangible, et porteur dont l’équipe sera fière et qui répondra aux besoins réels des utilisateurs. »

Selon Arnaud Rogiez, gestionnaire de projet et facilitateur chez Strategia Conseil, la collaboration peut aussi se résumer à « la capacité d’un groupe à interagir pour un résultat performant et optimal ».

C’est donc dire que la collaboration rend plus efficace! D’ailleurs, selon François Cantin, directeur avant-garde et chargé de projet chez Coarchitecture :

« La collaboration, c’est un moyen très efficace pour atteindre ses objectifs tout en apprenant au contact des autres et en ayant du plaisir. »

L’importance de la collaboration en construction

Bien que l’être humain soit de nature sociale, la collaboration n’est pas pour autant naturelle. Alors que chez certains insectes, comme les fourmis et les abeilles, la collaboration fait partie de leur ADN, elle semble être plus difficile chez les humains.

Lorsque nous rencontrons des problèmes simples, la collaboration n’est d’ailleurs pas nécessaire. Toutefois, elle gagne en importance lorsque nous devons résoudre des problèmes complexes.

Le processus collaboratif suppose une capacité réflexive et des compétences relationnelles.

Sommes-nous tous réellement prêts à collaborer dès qu’on lève la main ?

« Même si le mot collaboration revient constamment dans les milieux de travail, la collaboration n’est pas simple et ne produit pas des succès d’emblée. Ce n’est pas tout de dire que nous allons ou que nous devons travailler ensemble vers un objectif commun.

Plus que jamais, les équipes font face à des défis complexes qui les obligent à gérer l’ambiguïté, à adopter de nouvelles méthodes de travail, à innover », a indiqué Marie-Andrée Roy.

Il faut aussi se rappeler qu’optimiser une mauvaise idée, ça ne contribue pas au succès d’un projet!

Pour réellement innover et collaborer, il faut accepter cette notion de complexité et mettre en place certaines conditions (structure avec des règles et des balises claires, objectifs et vision partagés, acceptation de l’imprévisibilité, etc.).

Dans la longue histoire du genre animal, ce sont ceux qui ont appris à collaborer et à improviser efficacement qui l’ont emporté.

Charles Darwin

Comment collaborer efficacement en construction?

Les projets de construction sont, par nature, complexes. La collaboration vient donc d’une nécessité.

Les approches collaboratives sont de plus en plus utilisées en construction puisque les projets impliquent plusieurs parties prenantes, avec différents besoins, en plus de devoir respecter des exigences en termes d’échéance, de budget et de qualité.

La collaboration est alors requise puisque la mise en commun des compétences augmente les chances de succès pour un projet.

Toutefois, pour tirer profit de la collaboration, elle doit être efficace. Travailler en équipe n’est pas synonyme de « collaborer ». Il ne suffit pas de se partager les tâches et de les réaliser chacun de son côté. Le processus collaboratif peut parfois être très incommodant pour les équipes et c’est tout à fait normal!

Le diamant de la collaboration de Sam Kaner invite les équipes à passer par différentes phases. C’est en acceptant de vivre une phase de « turbulence » que les participants pourront aller plus loin et proposer des projets réellement innovants.

Le diamant de Sam Kerner sur la collaboration
Le diamant de Sam Kerner, traduit et adapté par Marie-Andrée Roy

Image : Le diamant de Sam Kerner, traduit et adapté par Marie-Andrée Roy

Comme l’expose très bien Tim Brown, fondateur d’IDEO, le travail de collaboration créative nous oblige à alterner entre les moments d’exploration de toutes les possibilités qui s’offrent à nous (zone de divergence) et ceux où nous devons trancher et faire des choix parmi les idées proposées afin que le projet puisse aller de l’avant (zone de convergence).

Existe-t-il des conditions gagnantes pour faire émerger la collaboration en construction?

Voici celles que nos collaborateurs ont soulignées :

Fixer un but et des objectifs clairs

Lorsque les projets n’aboutissent pas, c’est que les équipes ont souvent du mal à s’aligner sur des objectifs communs. « Sans l’existence de limites, il ne peut y avoir de design et le meilleur du design […] est souvent réalisé dans un cadre restrictif[1] ». Il est donc essentiel de définir une orientation globale et des objectifs clairs à atteindre comme équipe.

Communiquer son intention

L’intention doit être au centre de tout processus de collaboration. Elle guide l’équipe de travail dans le processus et lui permet de trouver des pistes de solutions. Les gens collaborent également lorsqu’ils ont une intention commune, un livrable ou un résultat visé, et qu’ils croient que le fait de travailler en mode collaboratif sera profitable.

Mettre de côté ses enjeux au profit du bien commun

Pour collaborer, chaque membre de l’équipe doit être prêt à mettre de côté ses enjeux personnels si cela sert le projet dans son ensemble. Cette approche permet de surmonter ensemble les défis posés par le projet et de résoudre les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent.

Faire preuve d’empathie

Se mettre dans les souliers de l’autre et être à l’écoute sont des compétences essentielles pour mener à bon port un projet en mode collaboratif.

 Cela veut dire faire preuve d’ouverture pour voir les choses du point de vue de l’autre personne. C’est aussi de reconnaître que des comportements qui semblent à première vue trop émotionnels ou déraisonnables sont parfois basés sur les connaissances et les expériences antérieures d’une personne.

 Communiquer de manière transparente

Pour communiquer de manière transparente, il faut partager des informations, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et maintenir le dialogue à tout moment.

L’environnement collaboratif doit donc encourager une communication ouverte entre les clients, les gestionnaires des projets et les parties prenantes, sans rejeter la faute sur les autres quand des défis se posent.

Engagement envers l’approche collaborative

Pour qu’une approche collaborative s’exécute de manière optimale, les intervenants du projet doivent comprendre et s’engager à adhérer à ses principes. Ceci commence souvent par l’adhésion des dirigeants du projet. Ceux-ci doivent être en mesure d’exprimer les avantages et les retombées positives de l’approche pour que tous y adhèrent de bon gré.

Faire preuve d’ouverture d’esprit

Pour être un collaborateur efficace, il faut rester ouvert aux nouvelles idées et savoir reconnaître la contribution des idées des autres.

Concrètement, cela s’exprime par une tolérance, de l’intérêt, ainsi que de la curiosité pour les idées qui diffèrent en partie ou totalement des siennes.

« Être convaincu qu’on a déjà la bonne solution, c’est souvent un bloquant à la collaboration. Il faut être prêt à remettre en question ce qu’on croit déjà acquis pour réaliser un projet en mode collaboratif », souligne Arnaud Rogiez.

Conclusion

La collaboration permet assurément de réaliser de meilleurs projets, et ce, dans tous les domaines incluant celui de la construction. Toutefois, les structures mises en place actuellement ne la favorisent pas toujours. « La culture traditionnelle de la progression linéaire ne favorise pas le processus exploratoire et itératif sur lequel repose l’activité de création[2] ».

Les défis dans le domaine de la construction sont nombreux et les différents acteurs impliqués ont tout intérêt à travailler de manière concertée et collaborative pour pousser les projets encore plus loin. Pensons, entre autres, aux défis complexes liés aux changements climatiques qui nous attendent.

Quelles sont les différentes approches collaboratives utiles en construction? Comment ces approches peuvent-elles nous aider à réaliser des projets exemplaires où le confort des occupants, les enjeux environnementaux et les besoins du client sont pris en compte?

 

Collaborateurs :

Marie-Andrée Roy
Arnaud Rogiez
François Cantin

 

[1] TIM BROWN. (2019). L’esprit design. p.20,

[2] Tim BROWN, L’esprit design, p.35.

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